La LDH soutient le spectacle « Raki », de Nino Noskin

logo-LDHLa Ligue des Droits de l’Homme soutient le spectacle « Raki », de Nino Noskin, mise en scène Nikson Pitaqaj

Publié le 13 mai 2014 par la LDH

Raki réunit les deux premiers volets d’une tétralogie sur la guerre Mon ami paranoïaque et En attendant la mort. Les deux pièces traitent, à des niveaux différents, du traumatisme de la guerre, et de l’impossibilité d’un « après-guerre » tant que la guerre est niée, enfouie dans un oubli de surface.

La vie est douce pour le jeune et naïf Toni : étendu sur son matelas, il chantonne à la guitare pour sa fiancée alanguie dans un siège mi-cage à oiseau mi-« Emmanuelle » – ce qui en dit déjà long. Mais ça se gâte tout de suite : un malentendu minuscule avec le voisin, la suggestion doucereuse de l’ami plus âgé, accessoirement marchand d’armes : « il te faut une arme pour te défendre », et la spirale de la paranoïa commence à monter. Toni terrorise sa fiancée, pour lui montrer qu’il est « un homme », agresse les voisins et finit par transformer sa maison en camp retranché. Tuer l’autre pour lui « apprendre à vivre », tuer pour montrer « qu’on est quelqu’un » : ce Toni a si peu conscience d’exister, en effet, qu’il ne peut parler qu’entre guillemets, la langue d’une guerre qu’il ne connaît pas et dans laquelle il croit trouver une identité.C’est aussi le thème de la seconde pièce. Au milieu de la guerre, une famille, serrée comme un fagot, claque des dents, attendant la mort. Il faut cacher le fils, pour qu’il ne parte pas au front. Amis ou ennemis, les soldats sont tous les mêmes : ils humilient les « faibles », les parents, les filles ; et le fils part au front. Il en revient soldat, ivre de la puissance de son fusil, ivre de la terreur qu’il inflige aux autres.Ces pièces de peu de mots sont mises en scène avec une grande efficacité, des farces tellement noires qu’on finit par en rire, sans que ce rire ne fasse jamais oublier ce sur quoi l’auteur nous met en alerte : la contamination profonde de la guerre. Né dans ce qui était la Yougoslavie, ayant connu la prison et l’hôpital psychiatrique, il sait de quoi il parle. Un bon sujet à débattre au moment où la spirale de la guerre monte en Ukraine.