Mettez les voiles! est une fable théâtrale sur l’absence de liberté et l’enfermement. La pièce explore les traumatismes d’une guerre universelle et intime, d’une liberté étouffée sous le poids de traditions oppressantes, de familles sclérosées, des intégrismes des trois religions monothéistes.
Ces thématiques ne sont pas traitées avec un discours juge ou moralisateur qui prétendrait avoir raison. La concision du texte laisse la part belle aux non-dits pour les personnages et à l’imaginaire pour le public. L’inversion hommes-femmes, l’humour du texte de Noskin, la légèreté dans le jeu et la danse des acteurs permettent de redécouvrir – simplement et sans idée préconçue – les enjeux de situations malheureusement familières dont on ne prend parfois pas toute la mesure tant ils sont intégrés en nous.

A l’image de la représentation, qui débute sur un match de football, tout est jeu mais jeu dangereux…

Nino Noskin inverse les rôles : l’autorité familiale, sociale et religieuse est représentée par les femmes et non par les hommes. Ce déplacement permet de redécouvrir des situations familières et d’apporter — par les ressorts de l’absurde — un éclairage nouveau sur ces enjeux fondamentaux.
Au-delà des discours juges, la mise en scène brute et visuelle est celle d’un travail sur l’inconscient. Les corps dansent, le ton est léger, et la cruauté des scènes d’affrontement idéologique et de quête de liberté n’en est que plus poignante.

Mettez les voiles ! de Nino Noskin

Texte : Nino Noskin

Avec : Henri Vatin, Yan Brailowsky, Lina Cespedes, Anne-Sophie Pathé, Marc Enche, Frédéric Slama, Marianne Giraud, Oscar Hernandez, Luan Pitaqaj ou Moutti Khatri-Foltz ou Félix Seck

Mise en scène : Nikson Pitaqaj

Création lumières : Piotr Ninkov

Décor : Sokol Prishtina

Costumes : Drita Noli

Présentation de la Tétralogie RAKI : cliquer ici

Note d’intention

Les trois frères ainsi que le personnage du voisin – étouffés successivement par les personnages de la mère, de la fille ou de la prêtre – sont en quête de liberté. Ils se réfugient dans un « ailleurs » par la musique, la danse ou le football qui sont autant de symboles d’émancipation. Le personnage de la mère n’a de cesse de tenter d’étouffer les germes de cette épidémie de liberté ; chercher la musique – son couteau à la main – pour la faire taire, comme crever le ballon de football pour tuer toute possibilité de jeu.

*Photos : Oscar Hernandez

Mettez les voiles ! n’est pas une pièce qui révoque la tradition, elle met simplement en garde sur l’enfermement que celle-ci peut engendrer si elle isole les individus du monde extérieur.

Au-delà de la sclérose d’une famille, on peut lire cet enfermement à l’échelle d’une société, d’un pays et de sa nécessité vitale d’ouverture.
L’extrémisme de la tradition trouve écho dans les intégrismes religieux. Mettez les voiles ! met en lumière comment les trois religions monothéistes peuvent se rejoindre dans l’intégrisme au détriment de la foi. Le personnage de La Prêtre ne donne jamais la parole aux futurs mariés et accepte tout au long de leur confession des billets de banque discrètement passés par la mariée. Le port du voile est successivement positif (pour deux des frères et le voisin qui le considèrent comme une affirmation de leur liberté) et négatif (pour l’un des frères qui le voit comme une entrave à sa liberté). La question du voile, au cœur de l’actualité, n’est-elle pas au centre de la définition de la liberté ?