Une autre critique de Jusqu’à ce que la mort nous sépare

Critique de Swann Kerboeuf parue dans Un tour des arts le 9 décembre 2019

Une comédie à découvrir absolument au Théâtre de l’Epée de Bois à Paris jusqu’au 22 décembre.

Il y a des temps où l’on revient à la source, durant lesquels le destin nous fait regarder en arrière.

Après des années d’absence, Simon revient chez sa mère pour enterrer sa grand-mère. Il n’a eu d’amour ni pour l’une ni pour l’autre. Il revient tout de même comme par devoir dans cet endroit qu’il avait délaissé.

La pièce commence après la crémation. Urne en mains, bien au milieu de la table.
« Pas sur le bord » dit la mère. « Afin qu’elle ne tombe pas », insiste-t-elle.

Puis vient l’élément déclencheur : Anne, la voisine. Simon ne l’a pas vue depuis dix ans. A l’époque, ils s’aimaient d’un amour platonique. Même si Simon l’aurait voulue dans son lit.

Ils sont attirés, aimantés l’un par l’autre, comme s’ils désiraient rattraper le temps perdu. En échangeant quelques phrases, ils se retrouvent collés à l’urne qui les sépare de peu. A l’approche d’un baiser, les mains d’Anne lâchent. L’urne se brise étalant au sol les cendres de la grand-mère qu’elle contenait.

Les deux personnages feront tout pour que cela ne se sache pas, avant qu’une issue de secours aux mensonges dans lesquels ils se sont enlisés soit trouvée.

La lumière fait exister les différents espaces, distingue les temps et les moments dans le décor boisé du théâtre de l’Epée de Bois. Simon n’arrive plus à sortir de la spirale frénétique dans lequel il est entraîné. Il se retrouve englué par les sentiments entiers et envahissants de son amie. Il doit aussi gérer sa mère rigide et jalouse. Dès qu’il a un moment de répit, il se confie au répondeur son agence.

Les comédiens expriment à travers leurs corps les traumatismes de leurs personnages marqués par la vie. Les hochements de tête ou les dandinements révèlent sur scène leurs tourments cachés. Les problèmes qu’ils ont ruminés dans la solitude les ont transformés en pantin. Le metteur en scène Nikson Pitaqaj utilise la répétition comme un moyen de dérouler ce qui se loge dans les entrailles. Rémi De Vos nous parle de vies ordinaires mais les confronte à des situations exceptionnelles dont l’imprévu engendre fantaisie et délire.