Critique : Requiem

Critique parue dans Froggy’s Delight en mai 2005, à l’occasion d’une lecture de Requiem, mise en scène l’année suivante par la Compagnie.

« Pièce de Roger Lombardot (parue aux Cahiers de l’Égaré), mise en espace de Nikson Pitaqaj, avec Delphine Keravec et Marwen Kammarti.

Lecture de la pièce accompagnée au violon

« Avez-vous jamais tenu un enfant mort dans les bras ? »Une voix de femme a brisé le silence. Le violon inerte depuis quelques secondes a cessé de jouer… Une voix, seule en scène, tantôt doublée, tantôt fragmentée par la musique, est là. Pas de préambule, son histoire n’attend pas.

L’histoire, un voyage, le témoignage de sa rencontre avec Sonia et son enfant, se passe en Bosnie en 1994. Une trame de fond sombre, certes marquée par le saut de la guerre et intrinsèquement condamnée à la souffrance.

Pourtant la vie est là, pleine (l’espoir toujours possible) ! Et le regard de cette voix, de cette femme qui a tout enregistré, ne trompe pas : « J’ai l’impression depuis quelques minutes de réapprendre le genre humain, et sans vouloir vous offenser, ce que j’en vois à travers vous me fascine et m’effraie. »

Requiem, premier volet d’une trilogie intitulée La Mort et l’Amour écrite par Roger Lombardot en 1994-1995, recouvre avec le temps une nouvelle dimension, moins circonscrite.

Au-delà du drame entériné par une guerre qui s’étala sur quatre ans, c’est l’Homme (et a fortiori les hommes) entravé dans sa condition de chasseur, qui est pointé du doigt : « Sais-tu pourquoi je souris ? J’étais en train d’imaginer que tu posais ton fusil… que tu allais te réfugier dans les bras d’une femme […] et que tu te laissais aller à pleurer… « .

Retenons, outre notre plaisir de découvrir la force d’un texte poignant, la justesse d’interprétation de Delphine Keravec, bouleversante d’humanité, et de Marwen Kammarti si subtilement complice. Un transport qui ébranle et panse les cœurs…

La prochaine lecture publique aura lieu à la Galerie Nikki Diana Marquardt dans le cadre des Journées organisées par l’Association Srebrenica 2005.

À cette occasion seront lus également des extraits de « Srebrenica 1995 : l’été d’une agonie » (paru à l’Esprit des Péninsules), un texte regroupant de témoignages de femmes bosniaques violées.

Incontournable ! »

ASSOCIATION SREBENICA 2005
Lectures publiques à la Galerie Nikki Diana Marquardt
9 place des Vosges 75004 Paris
Requiem le 29 mai à 17 h.
Srebrenica 1995 : l’été d’une agonie, le 28 mai à 17 h.

Ingrid